Benedikt van Spyk

Secrétaire d’État au canton de Saint-Gall depuis quatre ans, Benedikt van Spyk dirige la chancellerie d’État et ses 90 collaborateurs et collaboratrices. Après ses études de droit à l’Université de Saint-Gall, sa formation d’avocat et son doctorat, il a occupé différents postes pour ce canton. Il a siégé au conseil
communal de Saint-Gall pour le PLR et été membre de plusieurs organes dirigeants stratégiques dans des entreprises et des institutions publiques et privées. Au Secrétariat d’État, il apporte, grâce à son bagage juridique et philosophique, une perspective pluridisciplinaire aux autorités cantonales de Saint-Gall. Il est notamment chargé de la planification stratégique des priorités, des relations extérieures, de la communication interne et externe et de la protection des données. Benedikt van Spyk a à coeur de
développer une approche active de la transformation numérique au sein des pouvoirs publics. Benedikt van Spyk habite à Saint-Gall et il a deux enfants.

«Le travail au service de l’intérêt général a un sens»

À l’heure de la transformation numérique, de l’intelligence artificielle, de l’individualisation parmi la population active et de l’agilité, la direction évolue. Quelles sont à votre avis les grandes tendances à cet égard?
Je citerais deux points: un, nous devons davantage adopter une vision à long terme pour l’avenir, et deux, nous devons donner envie à nos collaborateurs et collaboratrices d’évoluer, et donc de faire évoluer l’organisation, en permanence. En même temps, il est indispensable d’associer la capacité d’adaptation de l’organisation et de ses membres avec une orientation stratégique à long terme.

Quelles opportunités offrent les fonctions dans l’administration publique, qui n’ont généralement qu’une faible reconnaissance, mais seraient attrayantes pour les cadres issus du secteur privé?
L’intérêt général est au coeur de notre travail. Nous savons pourquoi nous allons au bureau: pour servir la population et l’économie. Le travail au service de l’intérêt général a un sens, ce qui correspond parfaitement aux personnes, notamment aux cadres, qui recherchent un travail utile. Cette motivation intrinsèque se ressent chez de nombreuses personnes. Notre mission est limpide. De plus, le canton offre un éventail de thèmes surprenant.

D’après vous, est-ce un avantage que les cadres apportent leur expérience du privé dans l’administration ?
Absolument! Une expérience dans plusieurs domaines est un atout précieux pour les cadres. Du reste, l’inverse est vrai également: un passage par l’administration publique procure une foule de connaissances sur les réglementations et les procédures– et un sens de la faisabilité.

Les administrations publiques doivent respecter des consignes politiques, mais aussi satisfaire à des exigences financières et se développer en permanence. Comment gérez-vous toutes ces obligations à la fois?
Je suis fasciné par la diversité et l’étendue de la marge de manoeuvre disponible dans une administration publique. Les prescriptions politiques et juridiques comportent toujours certaines libertés à exploiter. L’important est de concevoir les changements dans une stratégie claire, en gardant à l’esprit ce qui est faisable politiquement pour les appliquer.

À votre avis, sur quels plans l’administration publique pourrait-elle être plus rationnelle, plus efficace et plus productive?
L’administration doit constamment porter un regard critique sur ses activités. Nous pouvons et devons améliorer même les tâches de pure exécution. Avec l’intelligence artificielle, certaines tâches pourraient être organisées beaucoup plus efficacement. Nous devons avoir le courage d’y réfléchir.

À cause de l’évolution démographique, les cadres partant à la retraite seront bientôt plus nombreux que les nouvelles recrues. Comment abordez-vous cette pénurie de personnel spécialisé dans votre canton?
Trois aspects sont essentiels. Premièrement, il faut investir davantage dans la formation de la relève et le recrutement des jeunes.
Deuxièmement, il faut développer les profils professionnels, en insistant spécialement sur la transformation numérique. Troisièmement, il faut remettre en question, hiérarchiser et numériser les tâches existantes.

La Suisse a une lourde empreinte environnementale. Quelle est l’importance de la durabilité dans votre canton?
Le développement durable est un principe fondamental dans la planification des priorités du gouvernement, qui y accorde la plus haute importance. Tous les aspects du développement durable sont ancrés dans les objectifs publics de la constitution cantonale de Saint-Gall. Le canton a aussi adopté un concept énergétique 2021-2030, qui contient ses mesures de protection du climat (https://www.sg.ch/umwelt-natur/energie/Energiekonzept.html).