Charles Juillard

Charles Juillard est membre du Gouvernement jurassien et en charge des finances cantonales depuis décembre 2006. Il occupait cette même année la présidence du Parlement cantonal. Depuis 2016, le Jurassien préside la Conférence des directeurs cantonaux des finances. Avant sa carrière politique, ce juriste a occupé différentes fonctions, dont celles de chef de la police judiciaire jurassienne ou de directeur de caisses d’assurances sociales privées de la Fédération des entreprises romandes, section Jura/Jura bernois. Charles Juillard est vice-président du PDC suisse depuis 2018.

«Les administrations publiques doivent être innovantes et flexibles pour rester modernes et efficaces»

Quels sont vos principes de leadership?
Je pourrais paraphraser Klaus Schwab, patron du WEF, dont je partage bien des avis sur la question. Un leader doit connaître ses dossiers; il doit défendre et partager des valeurs et une vision. Il doit savoir traduire sa vision dans des actes, agir avec passion. Enfin, il doit savoir garder son sang-froid et de la modestie. Il doit aimer les gens et le travail qu’il fait.

Quelle valeur ajoutée attendez-vous d’une meilleure diversité des sexes dans la gestion des administrations publiques?
Une représentation équilibrée des sexes dans une organisation apporte des approches différentes et des solutions nouvelles, voire originales. C’est essentiel.

Quelles mesures ont été prises dans votre administration cantonale pour accroître la proportion de femmes parmi les cadres supérieurs?
Nous avons vérifié, puis revu notre système d’évaluation des fonctions dans le but de garantir la meilleure égalité salariale possible. Nous offrons des possibilités de partage de poste et du temps partiel à tous les niveaux de la hiérarchie.

Que doivent faire l’économie, la politique et la société pour faciliter la conciliation de la vie professionnelle et familiale en Suisse?
Parmi les conditions cadres nécessaires, il y a évidemment l’égalité salariale, le partage des postes de travail, le temps partiel et la création de structures d’accueil des enfants mais cela passe aussi par l’éducation et un changement de culture.

La gestion administrative se situe entre les orientations politiques et les exigences de l’entreprise. Comment faites-vous face à cette tension?
Bien que soumises aussi à des besoins d’efficience, les administrations publiques ne sont pas mises sous la même pression de la concurrence que les entreprises privées. Par contre, elles doivent être innovantes et flexibles pour rester modernes et efficaces. La concurrence est bien présente quand il s’agit de recruter, surtout des cadres.

La transformation numérique entraîne des développements surprenants et perturbateurs dans tous les secteurs. Que faites-vous pour relever ce défi dans votre canton?
La République et Canton du Jura est à la pointe du numérique dans bien des domaines, notamment son guichet virtuel. Nous avons de grandes ambitions en la matière notamment en matière de dématérialisation et de liens digitaux avec nos «clients» que sont la population et les entreprises. Nous voulons participer activement à ces transformations par des moyens accrus en matière informatique. Cela passe également par, en amont et en interne, un accompagnement au changement de nos collaborateurs et collaboratrices. C’est une tâche difficile qui requiert du doigté et des compétences d’écoute et de persuasion. Nous estimons que le changement ne sera possible que si le personnel y adhère d’où cette volonté d’associer nos employés à ces transformations.

L’économie suisse devrait continuer sa croissance, mais la population vieillit et l’immigration de personnes hautement qualifiées diminue. Comment faites-vous face à la pénurie imminente de personnel dans votre canton?
Nous avons encore la chance de pouvoir compter sur deux sources importantes en la matière: les jeunes Jurassiens et Jurassiennes qui sont partis se former ailleurs en Suisse ou dans le monde: c’est notre priorité, et il y a notre position géographique qui permet de pouvoir compter sur la main-d’œuvre qualifiée outre-frontière.

Selon vous, est-ce un avantage pour les cadres administratifs d’avoir de l’expérience dans le secteur privé? Cela s’applique-t-il également au cas contraire?
Il y a un juste milieu à trouver entre la promotion interne et le recours à des cadres issus du secteur privé. Chacun a son vécu et ses expériences à mettre au service de l’entreprise ou de l’administration. Il y a à apprendre des deux côtés, j’en suis convaincu.