Marco Syfrig

Depuis 2008 Marco Syfrig est CEO et administrateur délégué, et assume à ce titre la direction opérationnelle du Groupe Burkhalter. Il a terminé ses études de droit en 1984 et a obtenu en 1986 un brevet d’avocat. Il a travaillé jusqu’en 1997 chez Ernst & Young, en tant qu’associé à partir de 1993. En 1997 il a été cofondateur de Taxpartner AG. Puis en 1998 il est devenu actionnaire de Highlight Communications AG, où il a occupé les fonctions de CFO et CEO. De 2004 à 2006 il a été CFO de Fumapharm AG, vendue en 2006 à Biogen Idec, aux États-Unis. Marco Syfrig est président du conseil d’administration de Poenina Holding AG et membre du conseil d’administration de Swiss Krono Holding AG.

«Sans l’immigration, il faudrait arrêter les chantiers»

Pour vous, qu’est-ce qu’un encadrement moderne et de qualité?
Pour moi, cela passe par un style plus familier, associé à la plus grande liberté possible, dans l’esprit de Kant: «Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.» Il faut aussi bien sûr de la reconnaissance, et un haut degré de responsabilité personnelle. J’ai grandi dans une famille de 8 enfants, dans laquelle l’égalité des droits était respectée. Cela a marqué ma conception de l’encadrement. En matière de salaire, nous avons appliqué de notre propre gré l’initiative 1:12, et nous vivons aussi le concept d’égalité au sein de notre direction bicéphale. En tant que CEO, je suis le primus inter pares.

Quelles tendances influencent votre activité principale, et comment garantissez-vous une orientation réussie dans ce sens?
Nous avons fait le choix de la numérisation il y a longtemps déjà: nous avons terminé cette transition il y a 10 ans, notamment en matière de transfert de savoir-faire. Nous utilisons un programme permettant à toutes et à tous de trouver dans les 24 heures une réponse exacte à une question. Notre activité principale est marquée par la pénurie de main d’œuvre. Nous y faisons face en prenant soin de nos collègues: nous leur exprimons notre reconnaissance, mettons en place une ambiance de travail motivante, leur accordons au moins 25 jours de congé par an et leur versons des salaires supérieurs à la moyenne. En 2019 l’association Pro Familia Suisse a accordé la distinction «Family Score» à la plus grande société de notre groupe, Burkhalter Technics AG, en raison des efforts réalisés pour créer une atmosphère de travail propice à la vie de famille.

Dans les entreprises, la pression pour baisser les coûts et améliorer l’efficacité augmente. Quels profils spécifiques embauchez-vous dans votre entreprise pour répondre à cela, et à quel niveau?
En matière d’amélioration de l’efficacité, nous sommes particulièrement bien placés et en 2019 nous avons formé près de 700 chefs/cheffes de chantier et de projet dans ce domaine. En une journée de séminaires, elles/ils ont appris les ficelles de la communication et de l’expression de la reconnaissance dans le cadre des relations avec les collègues. Mais il est difficile de trouver assez d’apprenti-e-s. Car nos profils de poste affichent des exigences très élevées. Malheureusement, beaucoup de parents s’opposent à ce que leur enfant fasse un apprentissage dans notre secteur. Sans compter que la formation professionnelle a diminué ces 30 dernières années.

La proportion de personnes étrangères au sein des directions des entreprises suisses est de 44%. Comment évaluez-vous l’importance de l’immigration pour les entreprises suisses en général, et pour votre société en particulier?
Je ne peux parler que pour le secteur de la construction. Sans l’immigration, il faudrait arrêter les chantiers. Les besoins administratifs sont assez légers et nous n’avons aucun problème à pourvoir ce type de postes. Mais pour les métiers techniques, sans l’immigration nous aurions encore moins de personnel et le manque de personnel qualifié serait encore plus criant. Nous employons actuellement près de 3000 personnes venues de 56 nations différentes, et nous nous réjouissons de chaque personne qualifiée, qu’elle soit suisse ou étrangère.

Quelle importance accordez-vous à la diversité des genres au sein de votre entreprise et quelles mesures avez-vous mises en place pour augmenter la proportion de femmes dans les organes directeurs?
La diversité des genres est importante pour nous. Nous nous efforçons d’améliorer la proportion de femmes et visons l’égalité des salaires. Les équipes mixtes, avec des femmes, sont de loin les meilleures. Mais actuellement nous ne comptons qu’une directrice pour 41 directeurs. Il est très difficile de convaincre une jeune femme d’apprendre un métier technique. Nous proposons d’intéressantes formations professionnelles et continues, avec des horaires de travail souples, et chez nous toute apprentie a la possibilité de devenir directrice en travaillant dur.